Introduction
 

Un exploit technique
 

II y a tout juste un an, le 24 janvier 1986, la sonde Voyager 2 passait à moins de 81000 kilomètres du sommet des nuages d'Uranus. C'est de cette position privilégiée qu'elle a transmis à la Terre, distante de trois milliards de kilomètres, des images extraordinaires de cette planète lointaine, de ses satellites et de ses anneaux. En outre, les instruments scientifiques embarqués ont permis de recueillir une masse considérable de données, de sorte que les spécialistes d'astronomie planétaire ont plusieurs années de travail devant eux. La réalisation d'un tel exploit n'est pas une affaire de chance et de détermination, mais plutôt le fruit d'études scientifiques et techniques poussées et d'une préparation intensive ; il fallait en effet, après le lancement de la sonde, en diriger le vol et commander tous les systèmes embarqués.


Un nouvel objectif
 

En fait, c'est trois ans et demi après le lancement de Voyager 2, en 1977, qu'on a décidé de diriger la sonde vers Uranus : comme la sonde Voyager 1, Voyager 2 ne devait initialement étudier que Jupiter et Saturne. Cette première mission fut achevée dès janvier 1981 par les deux sondes : Voyager 1 avait successivement frôlé Jupiter et Saturne, et transmis à la Terre une grande quantité de données, notamment sur les volcans actifs de lo, un des satellites de Jupiter ; de son côté, Voyager 2, qui avait été lancée en premier, avait dépassé Jupiter et se dirigeait vers Saturne.


Une opportunité unique
 

Toutefois, comme Uranus et Neptune, à la périphérie du Système solaire, se trouvaient alignées avec Saturne (pour la première fois depuis 180 ans), on décida d'utiliser l'attraction gravitationnelle de Saturne pour propulser Voyager 2 vers elles. Le principe utilisé était le même que celui qui avait servi à envoyer les deux sondes de Jupiter vers Saturne. Voyager 2 fonctionnerait-elle assez longtemps ? On estimait à deux chances sur trois seulement la probabilité que Voyager 2 reste encore cinq ans en état de fonctionnement, ce qui est bien inférieur aux valeurs sur lesquelles se fonde la NASA... mais l'occasion était trop belle.

A son passage près de Saturne, Voyager 2 avait déjà parcouru 1,5 milliard de kilomètres et voyagé pendant quatre ans. Prolonger sa mission, c'était lui imposer de doubler cette distance et de voyager quatre années de plus. En fait, comme le bon vin, Voyager 2 s'est bonifiée en vieillissant :

les techniciens ont perfectionné les différents sous-systèmes en cours de route, malgré la distance, l'usure, la faible luminosité et une puissance électrique disponible en diminution progressive. Grāce aux efforts de tous ceux qui ont travaillé sur Voyager 2 à partir de la Terre, la rencontre avec Uranus a été quasi-parfaite, et il ne reste plus qu'à " transformer l'essai " en atteignant Neptune en 1989.

L'équipement des sondes Voyager