Les relations Franco-Américaines de 1789 à 1969

 

1789-1830

Les combattants tant Français qu'Américains n'eurent à résoudre que des problèmes communs aux frères d'armes ; ils n'avaient pas eu à se préoccuper de politique ni de finances.

Ces deux questions allaient jouer un rôle important dans les années qui suivirent la guerre. Il suffit de dire que la question des dettes soulèvera de pénibles frictions, et que Washington, estimant que le traité avait été signé avec le Roi de France, mit quelque réserve à reconnaître la République et à accueillir son envoyé extraordinaire, le citoyen GENET.

Toutefois, à son début, la Révolution française connaît un écho très favorable aux Etats-Unis, et les victoires de l'armée révolutionnaire contre des troupes étrangères venues soutenir le roi provoquèrent des sursauts de joie outre-Atlantique. La nouvelle de la condamnation à mort de Louis XVI, artisan de l'Indépendance américaine, tempère beaucoup l'enthousiasme populaire. Pour sa part, Washington hésita : devait-il demeurer neutre ou bien reconnaître le nouveau régime et recevoir son représentant, le "citoyen" GENET, lequel n'attendit pas son agrément pour s'imposer et agir avec une telle lourdeur que son rappel fut demandé par Jefferson. Menacé de la guillotine, le "citoyen" demanda asile aux Etats-Unis, et en prit la nationalité.

La mission déplorable de Genet ne fut qu'une des raisons du refroidissement des rapports franco-américains, lorsqu'en 1796 John ADAMS succède à WASHINGTON.

John Adams

Paris avait très mal pris le traité de Jay (1794) qui autorisait les Britanniques à confisquer les marchandises françaises à bord des bâtiments américains, de même que la France n'a pas apprécié le rappel à Washington de James MONROE, représentant américain très francophile à Paris. De son côté, le gouvernement américain prit ombrage tant de l'arraisonnement par la Marine française de quelque 300 bâtiments américains qui furent bloqués dans des ports français, que du renvoi par le gouvernement de Paris du successeur de Monroe. Les choses se détériorèrent au point que les fédéralistes (l'opposition) demandèrent l'ouverture des hostilités contre notre pays. Le gouvernement "républicain" du Président ADAMS ne cessa de s'y refuser bien qu'en fait, de 1798 à 1800, une guerre navale non déclarée eut lieu entre les Etats-Unis et la France : 80 navires français furent capturés par des corsaires américains. Les Etats-Unis envoyèrent à Paris une première mission qui échoua, mais une seconde aboutit, le 1er Octobre 1800, au traité de Mortfontaine qui liquidait le contentieux franco-américain et établissait entre les deux pays une paix qui n'a jamais été troublée sérieusement depuis.

C'est dans ce climat que put se dérouler l'affaire de la Louisiane. Cette magnifique province, cédée à l'Espagne au traité de Paris, avait été rétrocédée à la France en 1803 sous la pression du Président JEFFERSON. Mais elle fut vendue quelques mois plus tard par le Premier Consul pour 80 millions de francs aux Etats-Unis (qui n'en verseront d'ailleurs que 60).

Restait le problème des arraisonnements de bateaux américains au cours des hostilités entre Français et Américains dans l'Atlantique , NAPOLEON renonça à cette pratique en 1810. De son côté, Londres continua à arraisonner les navires américains, et ce fut la guerre entre l'Angleterre et les Etats-Unis, la "seconde guerre de l'Indépendance", qui dura de 1812 à 1815, et se termina par la belle victoire de la Nouvelle-Orléans (1815), gagnée par le Général JACKSON, aidé efficacement par le corsaire français Jean LAFITTE. La tradition de l'aide française aux Etats-Unis contre l'Angleterre se maintenait.

La France respecta la doctrine établie par MONROE en 1923 qui avait été inspirée déjà par WASHINGTON en son temps, aux termes de laquelle les Etats-Unis s'opposaient à toute ingérence de l'Europe sur l'ensemble du Nouveau Continent en même temps qu'ils renonçaient eux-mêmes à toute immixtion dans les affaires européennes.

Un fait intéressant à noter de l'amitié et de la coopération franco-américaine est la participation d'officiers du génie français, ralliés à Napoléon aux Cent-Jours, et obligés de s'expatrier, à la conception et la construction des principaux forts américains pendant la première moitié du XIX siècle. En particulier, l'on peut citer deux noms : Le Colonel Claudius CROZET et le Général Simon BERNARD.

CROZET, colonel du Génie en 1814, dut s'exiler après WATERLOO et vint en Amérique. Il fut chargé en particulier d'enseigner à WEST POINT et donna au jeune génie américain une formation à la française, suivant les méthodes de VAUBAN et de CORMONTAIGNE (1).

Sur le plan pratique, il fut chargé de l'amélioration des voies de communication (ponts, tunnels) et des canaux, dans tout l'est des Etats-Unis.

Simon BERNARD était un ancien élève de l'Ecole Polytechnique (1794). Lieutenant du génie en 1797, il participe à presque toutes les guerres du Consulat et de l'Empire. Remarqué par Napoléon à Anvers et à Raguse, il fut promu général de brigade en Mai 1814. Rallié à Napoléon en Mars 1815, il combattit à Waterloo. Louis XVIII lui permit de s'exiler aux Etats-Unis, où il arriva à Washington en 1816.

Reçu par le Président MADISON qui le confirma dans le grade de brigadier-général de l'Armée des Etats-Unis, il fut chargé de construire un système de défenses côtières : forts, routes et canaux.

Tout le système de forts s'étendant depuis le Maine jusqu'en Louisiane fut conçu et construit sous la direction du Bureau ayant à sa tête le Général Bernard. Mais la pièce maîtresse de son oeuvre est le fort construit à l'extrême pointe de la péninsule virginienne, le FORT-MONROE, appelé "le Gibraltar de la Baie de Chesapeake".

Il revint en France sous Louis-Philippe en 1831, fut nommé Lieutenant-Général, Inspecteur Général du Génie, et mourut en 1839. Mais son oeuvre américaine devait lui survivre. En particulier le Fort-Monroe eut une importance capitale pendant la Guerre de Sécession.

En 1824, La FAYETTE se rendit à l'invitation qui lui avait été faite, bien avant MONROE, d'effectuer une visite aux Etats-Unis. Ce fut, pendant un an et demi, un voyage triomphal qui le conduisit dans 182 villes américaines et qui se solda par des dons somptueux en terres et en argent.

1850-1878