(début XVI siècle - 1748)
De même qu'il est impossible d'identifier le premier Européen, sans doute un Viking, qui, bien avant Colomb, prit pied sur le territoire actuel des Etats-Unis, il serait impossible de déterminer de manière certaine qui fut le premier de nos compatriotes à en faire autant. Il est permis toutefois de supposer, sans crainte de se tromper, qu'il s'est agi d'un aventurier en quête de richesses, suivi d'autres audacieux comme lui, puis de trappeurs et, assez tôt, de missionnaires dont certains sont restés célèbres. Il est certain qu'ils n'hésitaient pas à aller loin, et que, s'ils n'étaient pas très nombreux, du moins avaient-ils une personnalité qui s'imposait aux indigènes. Comment expliquer autrement le fait qu'en dépit des difficultés considérables que ne manquaient pas d'impliquer la pénétration sur le territoire de farouches tribus indiennes et la possibilité de s'y maintenir tout en pillant leur capital gibier, ils aient exercé sur ces vastes régions jusqu'au pied des Rocheuses une influence telle qu'on trouve encore aujourd'hui des centaines de localités qui conservent les noms français que les autochtones acceptèrent à l'époque : "Havre de Grâce" au fond de la baie de Chesapeake, "Des Moines" dans l'Iowa, "Boisé", "Pomme de terre" et "Prairie du Chien" dans l'Idaho, au-delà des Rocheuses, sans parler des noms donnés par les autorités françaises tel que celui de la Louisiane qui, alors, couvrait un tiers du territoire des Etats-Unis d'aujourd'hui.
Il convient de ne pas perdre de vue que l'Amérique d'alors ne comportait pas la frontière qui, aujourd'hui, sépare les Etats-Unis du Canada ; l'Amérique du Nord formait un tout. Or les rois de France s'étaient efforcés de constituer un peuplement français en Amérique. Ce fut l'oeuvre de Jacques CARTIER en 1541 et celle de de MONTS (1) qui, en 1604 établit Port Royal en Acadie (Territoire actuel de la Nouvelle-Ecosse et du Nouveau Brunswick).
Champlain CHAMPLAIN, quant à lui, fonda Québec, point de départ des missionnaires récollets et jésuites. RICHELIEU y créa la Compagnie de la Nouvelle France qui, assez vite, connut la ruine. A vrai dire, l'aide du gouvernement royal était insuffisante, de sorte que les Français d'Amérique étaient isolés et pauvres. En 1661, devant cette détresse, et sur le conseil de COLBERT qui avait repris l'idée de RICHELIEU, Louis XIV réintégra le pays dans le domaine royal et le dota d'une nouvelle administration : un gouverneur, un évêque et un intendant assistés d'un conseil souverain (sorte de parlement) investi de fonctions politiques. Ce fut là la vraie naissance du Canada français.
COLBERT entreprit une politique de peuplement ; il faisait partir de France chaque année des émigrants de qualité, essentiellement des agriculteurs et des artisans. Une politique matrimoniale fut instaurée, ce qui provoqua des calomnies car la grande majorité de ces
(1) Pierre de GUAST, sieur de MONTS, colonisateur français né en Saintonge en 1560, mort en 1630. Il obtint de Henri IV en 1603 deux privilèges pour l'habitation des terres de l'Acadie et le "Trafic du Canada", le commerce exclusif des pelleteries depuis le 40'jusqu'au 54' degré de latitude Nord, enfin des lettres patentes de vice-amiral et de lieutenant-général. En 1609, il partit pour l'Acadie et créa Port-Royal. En 1608, il fonda avec CHAMPLAIN la ville de Québec. |